
Avec « Ret Tann Mwen », le groupe Harmonik, mené par la voix vibrante de Mac D, livre une chanson bouleversante sur l’amour à distance, né d’un départ imposé. Inspiré par le contexte actuel de la migration haïtienne vers les États-Unis — notamment à travers le visa humanitaire « Biden »— ce morceau résonne profondément chez de nombreux couples séparés par la nécessité.
La chanson s’ouvre sur une promesse : “ Pa janm mete yon fwa nan tèt ou yon jou m ap bliye w. ” Ces mots, pleins de tendresse et de détermination, sont adressés à une dulcinée laissée derrière, dans un pays aimé mais marqué par la douleur. L’homme doit partir, mais il tient à lui rappeler que l’amour reste intact.
Plus loin, le migrant insiste : “ Lè w wè avyon an rive dekole, konnen se sèl avèk kò m li ale, ou mèt ret tann mwen doudou.”
C’est toute la tension entre le corps qui voyage et le cœur qui reste. C’est le cri silencieux de milliers de migrants haïtiens, partis chercher mieux, sans jamais vouloir tourner le dos à l’amour ni à leurs racines.
Dans un moment fort de la chanson, Mac D lache : “ Ou ki sèl degouden m, ou konnen byen w se tout monnen m.”
Une phrase qui frappe par sa poésie, mais surtout par sa vérité : il ne s’agit pas d’un simple amour, mais d’un amour irremplaçable, comme une pièce unique qu’on ne peut jamais échanger.
Le vidéoclip, tourné dans des paysages époustouflants d’Haïti, sert de toile de fond à cette histoire universelle. Il rappelle que, malgré la douleur de la séparation, Haïti reste belle, digne, et au centre du cœur de ceux qui partent.
“ Ret tann mwen” est bien plus qu’une chanson : c’est un témoignage de notre époque, une promesse d’amour, une prière pour les retrouvailles. Harmonik, avec sensibilité et authenticité, touche une corde sensible chez tous ceux qui aiment malgré l’absence.
Jeffmy Cazeau